Le risque incendie (fiche conseil)

Le 05 juin dernier, l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) a organisé un webinaire sur le risque Incendie et Explosion en milieu professionnel. Cet évènement était l’occasion de rappeler notamment que « si le nombre de victimes demeure heureusement peu élevé, les répercussions économiques sont souvent irrémédiables : 70 % des entreprises victimes d’un sinistre majeur disparaissent dans les mois qui suivent ».

La prévention du risque incendie n’est donc pas seulement une obligation pour la sécurité et l’intégrité des personnes salariées et des visiteurs dans votre entreprise mais également une impérieuse nécessité pour la direction de l’Entreprise afin de pérenniser son activité. Dès lors la prévention des incendies repose sur deux composantes : en limitant la survenue et en limitant les conséquences.

Pour qu’un incendie ait lieu il faut réunir les trois composantes du triangle du Feu : Un combustible (gaz, liquide inflammable, bois…), un comburant (oxygène de l’air, ou substance comburante riche en oxygène comme l’eau oxygénée, le protoxyde d’azote, l’ozone, les nitrates…) et une source d’ignition (étincelle, point chaud, flamme nue, choc, incompatibilité entre produits…).

Source : Guide de Doctrine Opérationnelle 2018 : Intervention sur les Incendies de structure – plateforme Apprentissage Partage Incendie et Secours (APIS)

1- Limiter la probabilité de survenue d’un incendie
Pour limiter la survenue d’un incendie il « suffit » de faire en sorte que les 3 critères cités ci-dessus ne soient pas simultanément réunis.

  • Retirer le comburant est le plus difficile :

En effet, nous avons, nous humains, besoin de l’oxygène de l’air pour respirer. Le fonctionnement d’outils ou de machines en atmosphère inerte ou sous vide est souvent limité à un petit volume ou la présence humaine est impossible. Cette solution est vraiment à réserver à des usages très spécifiques. Dans ce cas des systèmes d’alerte doivent indiquer si l’atmosphère protégée de l’outil ou de la machine venait à être altérée.

  • Soustraire le combustible revient à :

-Identifier et signaler les produits inflammables,
– Substituer les produits inflammables par des produits qui le sont moins,
– Limiter les quantités utilisées aux postes de travail et stockées,
– Stocker spécifiquement les produits en tenant compte des incompatibilités chimiques dans des armoires dédiées, identifiées et sécurisées dont la résistance au feu notamment est normalisée,
– Limiter le plus possible la formations de gaz, de vapeurs, d’aérosols et de poussières qui correspondent à l’état physique le plus propice à l’inflammation (température, étanchéité et volume adaptés des contenants aux produits, procédés de mise en œuvre…).
– Ventiler les espaces contenant des vapeurs inflammables pour rester en dessous des Limites Inférieures d’Inflammabilité.

  • Contenir les sources d’ignition passe par :

– Disposer d’installations électriques en bon état, aux normes et faisant régulièrement l’objet d’un diagnostic électrique,
– Identifier les sources de chaleur,
– Eviter les flammes nues,
– Stocker et contrôler les piles/batteries dans des lieux spécifiques, à distance des substances et matériaux combustibles,
– Maîtriser les travaux émetteurs d’étincelles (meulage sciage, oxycoupage…) en réalisant des permis de feux, plan de prévention avec les intervenants externes,
– Interdire de fumer en dehors des espaces prévus à cet effet,
– Considérer l’usage de matériels et matériaux antistatiques,
– Former et informer les personnels, les visiteurs et intervenants extérieurs sur le risque incendie et les zone à risque.

2- Limiter les conséquences de l’incendie

L’autre aspect fondamental de la prévention du risque incendie tient dans la limitation des conséquences de celui-ci. Pour ce faire il est primordial d’anticiper et d’intégrer ce risque dans l’évaluation des risques de l’entreprise. Cela peut être fait très en amont (conception) mais également dès aujourd’hui.

  • Conception des locaux.

Il est obligatoire d’intégrer la prévention du risque incendie dès l’étape de conception des locaux, ou lors de travaux d’aménagement. En prévoyant notamment de :
– Limiter la propagation du feu avec des systèmes qui permettent de canaliser les fumées principal vecteur de propagation de l’incendie (portes coupe-feu, dispositif d’évacuation des fumées, matériaux isolants, cloisons anti-propagation…),
– Disposer d’un système d’extinction automatique (sprinklage, mousse, gaz inertant…) et d’une réserve d’eau si nécessaire (réservoir, bâche à eau, poteau ou bouche incendie)
– Disposer d’un système de détection automatique (détecteur de fumée, détecteur de gaz ou de COV, caméra infra-rouge, centrale incendie…),
– Placer des extincteurs et un système d’extinction qui soient adaptés et en nombre suffisant dans toute l’entreprise,
– Prévoir des issues et des emplacements pour les secours,
–  Prévoir un système de recueil des eaux d’extinction.

  • Agir le plus rapidement possible :

C’est un raccourci simplificateur, mais on considère que pour éteindre un feu la quantité d’eau nécessaire est multipliée par 100 toutes les minutes. C’est-à-dire qu’on admet qu’il suffit d’un verre d’eau (0.1L) pour éteindre un début d’incendie après 1 minute, qu’il faut 10L après 2 minutes et une tonne d’eau (1000L) après 3 minutes. Il est donc primordial d’agir vite. Les personnes au plus près doivent agir rapidement. Pour ce faire les salariés doivent être formés à la manipulation des extincteurs. Dans ce domaine, il n’y a aucun doute, il faut TOUS s’entrainer pour être efficace (le temps d’aller chercher un collaborateur qui sait et le feu est déjà hors de contrôle), des formations existent. Certains sites sensibles disposent même d’équipiers spécialisés de première et de seconde intervention, spécialement entrainés pour agir avant et préparer l’arrivée des pompiers.

  • Avoir un plan pour limiter les conséquences humaines…mais pas que.

L’entreprise doit préparer, éditer et diffuser à l’ensemble du personnel et des visiteurs des consignes incendie claires. Chacun, à son niveau doit savoir ce qu’il doit faire s’il observe un début d’incendie ou lorsque le signal d’évacuation retentit. Ainsi préparer un plan d’évacuation tenant compte de votre site et s’y entrainer régulièrement, 2 fois par an, est la mesure phare en matière de prévention du risque incendie. Cela permet d’impliquer mais aussi de rassurer l’ensemble du personnel : « On sait ce que l’on fait et personne ne sera laissé derrière ! ».

Des outils existent pour bien préparer cet exercice. Ce peut être l’occasion de mobiliser l’ensemble du personnel de façon ludique, d’effectuer des jeux de rôles, par exemple. Vous pouvez notamment inviter le Centre d’Intervention de Secours dont vous dépendez à participer à cet exercice (le SDIS44 est régulièrement à la recherche de sites pour s’entrainer et se former). Il est important de tracer tous les éléments qui touchent à la sécurité incendie dans un registre (qui peut être commun aux évènements HSE) et de régulièrement en faire la revue (notamment les exercices d’évacuation et les situations dangereuses rencontrées) pour veiller à l’adaptation des consignes incendie face aux évolutions de l’entreprise.

Tous ces éléments sont essentiels pour limiter l’impact humain, matériel et psychologique d’un tel évènement sur l’activité de votre entreprise et sa pérennité.

 

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