Nettoyage et désinfection à l’Ozone : Le procédé qui en tient une couche ?!

Face aux appréhensions légitimes de nos concitoyens quant à l’utilisation de produits chimiques de nettoyage et de désinfections et de leurs effets sur la santé, plusieurs sociétés proposent l’utilisation d’un procédé miracle, « sans produit chimique » et « sans traces » : l’eau ozonée. Bien évidemment, les choses ne sont pas si simples.

L’ozone, qu’est-ce que c’est ? 

L’ozone (O3) est un gaz, naturellement présent en faible quantité dans l’atmosphère (basse ou troposphère) mais essentiel à (un peu) plus forte concentration dans la haute atmosphère (stratosphère) pour repousser le rayonnement solaire UV (la fameuse couche d’ozone). Il peut être produit à l’aide de petits dispositifs par hydrolyse de l’eau et re-dissous dans l’eau pour être distribué via un petit robinet.

L’ozone est un composé instable, surtout d’ans l’eau, où il est un oxydant puissant qui dégrade à peu près tout ce qu’il touche pour ne laisser derrière lui que de l’oxygène (O2) et des sous-produits de dégradation de ce qu’il a rencontré. L’instabilité de la substance est telle qu’il faut, pour obtenir une désinfection efficace, l’utiliser dans les quelques minutes qui suivent sa production. Il faut donc en générer de petites quantités, à utiliser à proximité immédiate du générateur.

En septembre 2023, l’INRS avait publié un communiqué mettant en garde contre le discours un peu trop optimiste des fabricants et distributeur de générateurs d’eau ozonée. Ce communiqué évoque deux problématiques centrales concernant ce procédé :

  • L’efficacité antimicrobienne de l’eau ozonée ne serait pas démontrée selon la norme NF EN 14885.
  • L’innocuité ou l’absence de toxicité liée à la production d’ozone ne serait pas démontrée, et ce, notamment au regard de production in-situ de sous-produits de l’ozonation électrolytique tels que les oxydes d’azote et les COV.

Depuis, des éléments de preuves ont été avancés par les fabricants qui vont dans le sens favorable à une utilisation de l’eau ozonée. Cependant, il est important de signaler que les éléments de preuve d’innocuité n’ont pas été démontrés en conditions limites, c’est-à-dire avec une eau de qualité médiocre : riche en nitrates, en matière organique, fortement chlorée par exemple.

En outre, l’efficacité réelle du produit en condition non idéale reste à caractériser (eau plus chaude, charge organique, surfaces très sales…).

Quelles sont les précautions à prendre ?

Présentant beaucoup d’avantages, cette solution technologique nécessite certaines précautions :

  • une connaissance des conditions recommandées d’utilisation
  • des instructions précises d’utilisation et de non-utilisation
  • porter des Équipements de Protection Individuelle (EPI) adaptés (gants, lunettes, et masque FFP2 ou FFP3 si utilisation importante de spray)
  • des locaux ventilés et aérés pour éviter l’accumulation de gaz toxiques en cas de défaillance ou de mésusage
  • si possible un détecteur d’ozone à proximité de l’appareil

Pour toute question, votre Service de Prévention et de Santé au Travail reste à votre écoute. N’hésitez pas à nous interroger.